Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article DRACHMA RHODIA

DRACHMA RIIODIA (Apaxz1l `PoI{a). Au temps des conquêtes de la république romaine en Orient, la supériorité maritime et commerciale dans les mers de la Grèce appartenait, sans contestation, à Rhodes, alliée des nouveaux rnaîtres du monde. Le monnayage de Rhodes prit un énorme développement et eut pendant deux siècles environ la circulation la plus étendue et la plus générale. Les pièces rhodiennes de cet âge sont très communes, DRA 403 DRA Elles ont pour type (fig. 2569), d'un crie la tète, vue de face et radiée, du Soleil, dieu protecteur de l'île et au teur mythique de ses ' ''' e"'~~ premiers habitants, de l'autre, le symbole parlant de la rose, dSov. , Leur poids est taillé sur le pied de la drachme asiatique de 3s",250 des multiples et des subdivisions comprend des tétradrachmes de 13 grammes en moyenne, des didrachmes de 6x",500, des drachmes, des dioboles, trihémioboles et oboles'. On comprend facilement que la grande circulation des monnaies de Rhodes à l'époque que nous avons indiquée, circulation qui avait commencé déjà antérieurement, ait fait donner alors le nom de drachme ' hodienne à 1unité de 3g",250 à 35°,200, Festus dit : Taientum.a rhodium et ristophorum quator minium et quingentorum denariorum. Ici denarius désigne certainement le denier le plus ordinaire de la république, égal à la drachme attique [DENARlus]. Or, 4,500 drachmes attiques, au taux normal de 4gr,260 [DRACIIMA], font un poids de 195g,170, tandis qu'un talent ordinaire, ou de 6,000 drachmes, ayant. pour base une unité de 3gr,200, se trouve être de J9k°,200. Il n'y e qu'un écart de 30 grammes sur plus de 19 kilogrammes. Bien souvent les auteurs anciens, dans leurs comparaisons de talents les uns avec les autres, sont loin de fournir des approximations aussi exactes [TAcaNTtiM]. Une inscription de Cibyra, datant de l'an 49 de l'ère de cette ville (71 ap. J.-C.) et relative à la donation qu'un certain Q. Veratius Philagrus avait faite de 400,000 drachmes rhodiennes pour la fondation d'un gymnase2, nous apprend en termes formels que cette monnaie circulait encore en Asie Mineure dans le premier siècle de notre ère, et que sa valeur de change, par rapport à la monnaie romaine, était alors de IO as par drachme. Les Romains, du reste, frappaient encore à ce moment, pour l'usage de la province d'Asie Mineure, des tétradrachmes taillés sur l'unité Un siècle et demi auparavant, au temps de la plus grande circulation des monnaies de Rhodes, l'exactitude de leur poids et le titre excellent de leur métal avaient établi en leur faveur un agio considérable. C'est ce qui résulte d'une inscription de Ténos'. L'assemblée des habitants des îles (al) xctaty t;iy v-ilc mn-Ifni), siégeant à Ténos, y rend un décret pour élever une statue à un Syracusain habitant Délos, parce que, tandis que les banquiers ou trapézites [TRAPEZITAE] demandaient 105 drachmes de Ténos pour 100 drachmes de Rhodes, il procura la somme sans nul agio et sans demander de prime, économisant ainsi à la caisse commune une dépense considérable. Les monnaies d'argent de Ténos étaient frappées sur le pied des monnaies de Rhodes et pesaient même un peu plus'. lies deux tailles le plus abondamment monnayées à Rhodes, au temps de son commerce, étaient la drachme et le didrachme [DmaacumuM]. On les désignait dans le langage vulgaire lune et l'autre par le nom de drachme rhodienne, en appelant petite drachme la drachme simple et grosse drachme le didrachme5. C'est ce qui ressort clairement du nom de âpyspiou )iitnvot `Poiiou fipaxgs que les inscriptions de la Carie 5 donnent à l'unite de 35e,250, nom qui suppose nécessairement l'existence d'une épyupiou 7caxéos `Pollou 4enititi double comme poids'. En outre, un. métrologue anonyme d'Alexandrie 3 évalue la drachme rhodienne à 5 drachmes de billon alexandrines, c'est-à-dire à 1 denier 1/4, évaluation qui ne peut s'appliquer qu'aux didrachmes pesant 6x`,50`•'. F. LENORMANT, DRA,CEIMAE STEPHANEPHORI (4paxµal :oie 1ref,avr,gdpau). Cette expression est employée dans quelques inscriptions attiques pour désigner la monnaie courante d'Athènes'. Roeckh' I a expliquée par les passages des lexicographes disant que le Stéphanéphore était un héros dont le sanctuaire (ilpwov) était attenant à l'hôtel des monnaies (4pyupoxo'ze1ov). Dans ce sanctuaire étaient déposés les poids monétaires, les étalons des monnaies et de leurs poids; ii correspondait donc exactement dans Athènes à ce qu'était à Rome le temple de Junon Monet-a. [Mo La statue du Stéphanéphore est figurée comme type secondaire dans le champ de quelques tétradrachmes athéniens de ia seconde série «hg. 2570), M. Beulé 5 a très bien établi que le héros désigné par ce surnom populaire, d'après le type de représentation de la statue, était Thésée. F. LENORMANT.